Les Beuchot, une famille de "forgerons"

des Beuchot remarquables

la famille Rochat

les métiers des "forgerons' d'autrefois

Forges et Manufactures Royales de fer-blanc au 17ème ou 18ème siècles

Il s'agit d'usines métallurgiques établies le long d'un ruisseau qui fournissait l'eau  et l'énergie nécessaire. Les foyers étaient alimentés en bois et charbon de bois fournis par les forêts voisines (situé à deux kilomètres de la Manufacture de Bains les Bains, le hameau des Baraques est issu d'une telle communauté de charbonniers ...).  Elles étaient alimentées en fer depuis des hauts-fourneaux situés près des mines, quelquefois à plus de 100 km.

Généralement ces "forges" n'avaient que quelques "forgerons", parfois pas plus de cinq ou six, et ne fonctionnaient que quelques mois par an. Durant la saison des récoltes les "forgerons" retournaient aux champs et en été les ruisseaux pouvaient n'avoir pas un débit suffisant pour faire tourner la roue à aube ...

Ces petites "forges" n'ont souvent eu qu'une existence très temporaire et ont complètement disparu aujourd'hui. Par exemple la forge du Bas-du-Mont à Ambiévillers (Haute-Saône) n'a pas de laissé de traces et vers 1920 seules quelques ruines subsistaient.

     En Haute-Saône, l'élaboration du fer par procédé indirect, utilisant un haut-fourneau,  est attestée dès 1349 à l'Abbaye de Cherlieu. Celle-ci avait été reprise en 1131 par Guy, prieur cistercien. Cette abbaye produisait du fer, dans des fours catalans, au moulin d'Agneaucourt, où étaient broyés puis traités les calcaires ferrugineux du Mont Noroy,

     Dans les Vosges, des forges sont attestées dès le 15ème siècle; par exemple la Forge Sainte-Hélène, un "Moulin à fer" dans la vallée de la Mortagne, est mentionnée en 1436. A Attignéville, dans la vallée de la Meuse, un (haut) fourneau traitait le fer des "minières" locales en 1521 avec une forge et une affinerie dans le village voisin de Barville. 

     La Vôge, entre Saône et Coney, est le troisième lieu de développement de la métallurgie dans les Vosges et au nord de la Haute-Saône. On trouve une "forge" à Fontenoy- le-Château  attestée par un acte du 19 mars 1489, puis à Pont-du-Bois (1562). Forge-Neuve, dans la forêt d'Hennezel, fut crée an 1569 par Claude Philippe de Croy, baron de Fontenoy. La Forge du Blanc-Murger, dans la vallée de la Semouse, est "ascensée" à Demange Collignon en 1547.

    A cette époque le développement de ces forges est important ; il sera stoppé par la Guerre de Trente Ans, très dévastatrice dans cette région. Fontenoy-le-Château est réduite en cendres en août 1635. et fut atteinte par la peste! La légende veut que les "Suédois" (en fait les armées du duc de Lorraine) aient établi un camp retranché,"le camp suédois", au lieu-dit "La Monteroche", dans les collines entre le ruisseau du Grurupt et le Coney...)

Le Blanc-Murger en 1819. Coupe transversale par Hogard

. A Bains les Bains, la première forge fut la Forge Quenot, construite en 1634 mais détruite très vite par les "Suédois" . Elle fut reconstruite en 1711 par Jean-Jacques Rochet venu de Remimotier en Suisse. Jean-François, fils de son cousin Claude, lui succède et crée  la Forge du Moulin-aux-bois en 1732, qui en 1776 occupe seulement un commis et quatre ouvriers.

En 1733 (lettre patente du 18 juin 1733) Jean-Baptiste Villiez, associé à ses deux beaux-frères et à Georges Puthon fondent la Manufacture Royale de Bains les Bains. Tous quatre sont originaires de Savoie. Georges Puthon dirige l'usine mais décède dès mai 1737. Il doit recruter des ouvriers spécialistes jusqu'à Wegscheid ( et Sewen, Kichberg ou Masevaux), dans la vallée de la Doller au sud de l'Alsace où une Manufacture Royale a été fondée en 1720. On voit ainsi plusieurs alsaciens arriver à Bains les Bains et, rapidement quelques Balnéens de marier et s'établir au bord de la Doller.

Diderot et D'Alembert dans leur encyclopédie, ont consacré52 planches commentées aux "Forges ou Art du feu".

 

Au 17ème siècle l'usage du fer-blanc se répand. celui-ci a été inventé au 14ème siècle (origine du mot : 1384). Chez les gallo-romains, stannum, fer-blanc, désignait un alliage d'argent et de plomb ayant l'aspect de l'étain et les romains attribuaient la découverte de l'étamage aux gaulois.

A l'incitation de Colbert, Le Vau crée la première Manufacture Royale de fer blanc en Normandie vers 1650 puis celle de Beaumont la Ferrière en Nivernais. La Manufacture de Wegscheid (vallée de la Doller en Alsace) est en 1720  par les nobles d'Anthès (et fermée en 1838) et la Manufacture Royale de Bains les Bains, fondée par l'Ordonnance Royale du 18 juin 1733 est la dernière des quatre Manufactures Royales de fer-blanc habilitées à utiliser ce procédé. (Une manufacture de fer-blanc avait aussi été créée en 1727 au Thillot (Vosges))

La Manufacture de Wegscheid aujourd'hui

Le fer-blanc était fabriqué à partir de "fer doux" réduit en lames qu'on trempe dans l'étain fondu". Il pouvait aussi être fabriqué par "platinage" , recouvrement d'une feuille de fer doux par une feuille d'étain, par fusion et compression à chaud. A la Manufacture de Bains la matière première, la fonte, provient de Franche-Comté. Les gueuses sont affinées et transformées en fer au Grurupt, au Moulin aux Bois ou à la Pipée.[Paul Beuchot (1881-1968), né à la Manufacture, vécut au Grurupt et travailla au Moulin aux Bois à partir de 1926...] Les loupes de fer sont converties au martinet en "semelles", petites plaques de 20cm de large, qui, assemblées par paquets de 50 à 60, sont aplaties et étendues par un gros martinet. Elles peuvent alors être étamées.

La Manufacture en 1988

 

 

La Manufacture de Bains les Bains au début du 20ème siècle et vers 1980 et Le Grurupt (en bas à droite), forge annexe créée dès 1733 devenue une scierie, hameau de 3 ou 4 maisons où a habité Paul Beuchot de 1926 à 1958 ....

Crédit : Les photos anciennes du Blanc-Murger, de la Manufacture et de Grurupt ainsi que celle de 1988 sont tirées de "Images du patrimoine n°52 1988

Au début du 20ème siècle, la Manufacture de Bains les Bains comptait une vingtaine d'ouvriers qui posaient pour la photo ci-dessous vers 1910 (au fond au centre Élysée "Amédée" Hoyet et troisième au second rang, Paul Beuchot)

Au 19ème siècle, la Manufacture de Bains les Bains, suivant la forge du Moulin aux Bois,  devint une clouterie ou pointerie comme d'autres usines voisines sur la commune de Fontenoy le Château.