Forges et Manufactures Royales de fer-blanc au 17ème et 18ème siècle |
La
famille ROCHAT
Résumé
complété d'une note, à usage familial, de Ginette Latour , rédigée à
partir des ouvrages et publications de François Lassus, Paul-Louis Pelet et
André Lemercier
La famille Rochat serait de même souche qu'une famille Rochat de
noblesse provençale, dont un chef au retour des Croisades, commandant une
Compagnie d'Hommes d'Armes, se serait fixé en Comté Bourguignonne, dans la région
de Nozeroy.
De
là, ses descendants se répandirent dans le Jura Comtois, peut-être même déjà
en Suisse. Aux temps féodaux le "Doubs" et le "Jura"
faisaient partie du Royaume d'Arles, et au l3e siècle, Nozeroy comme Rochejean
et Les Villedieu faisaient partie de la Seigneurie des Princes de Chalon. D'après
un parchemin conservé aux Archives Cantonales du Canton de Vaud (Suisse), établi
le 28 Janvier 1480, l'abbé Pollens, de l'Abbaye-du-Lac-de-Joux, "aberge"
des terrains à Vuynet Rochat, Maître-de-Forges de Villedieu-les-Rochejean, et
à ses trois fils, Jean l'aîné, Claude et Guillermin, pour y installer une
ferrière sur le cours de la rivière La Lyonnaz, proche de l'abbaye. Le
texte de cet "abergement" leur donne toutes facilités pour leur
installation dans de bonnes conditions, moyennant quelques redevances (60 sols
annuels), et dîmes en nature.
Les
échanges entre la Comté et la région de Vallorbe sont d'abord des relations
économiques. Malgré des conflits, les liens entre les deux versants du Jura
sont indispensables, la métallurgie vaudoise dépend beaucoup de la
Franche-Comté pour l'approvisionnement en minerai et fer brut. A la fin du 15ème
siècle, à Rochejean, on a établi des forges dépendant de l'Abbaye
cistercienne du Mont-Sainte-Marie, où on fabrique déjà le fer en deux étapes,
ce sont aussi des ferrières qu'exploitent les Franquefort dits Matthey dans le
Jura Comtois puis Vaudois (La Ferrière, près de Vallorbe), et on en trouve une
aussi près de Baume-les-Dames en 1441.
En 1489, Vuynet est déjà décédé, et son fils aîné, Jean (+1502) exploite la ferrière. En 1489 son second fils Claude (+1514) reprend le Moulin de la Sagne. Les trois frères se constituent peu à peu, un domaine (plus de 10 ha) aux Charbonnières. A son tour Guillermin (+1524), quitte l'Abbaye, avec son propre fils, pour établir une autre ferrière aux Charbonnières.
La
Réforme était arrivée dans la région en 1536 et les Rochat se convertissent
aux luthéranisme. Les familles Rochat deviennent très nombreuses et le fisc
doit établir leur généalogie pour fixer leurs impôts.
En 1657 David Rochat, un des descendants de Vauchy Rochat épouse à Vallorbe en 1657 Rose Matthey, fille de David Franquefort dit Matthey, riche famille de Maîtres de Forges et de marchands drapiers. Aimant la guerre et son indépendance, il sert comme militaire volontaire, à ses frais ne France, avant de reprendre son métier de Maitre de Forges à Bon-Port, en Suisse. Son épouse l'accompagne toujours, même lorsqu'elle est enceinte. Dans cette vie mouvementée, il dissipe toute sa fortune! Il émigre alors en Franche-Comté, où il acheta, en 1666, avec Pierre Lallemand, les moulins et la Forge d'Aubertans (Haute-Saône). Ruiné, accusé d'hérésie, il doit abandonner Aubertrans et reprend son métier de mercenaire.
Son fils aîné, Edmé, né vers 1658, faisait "rouler les usines" de Bon Port et pourvoyait à l'éducation de ses frères et sœurs. Mais, en 4 ans, les usines furent détruites deux fois par les eaux du lac, (en 1669 et 1673), lors de gros orages, et toutes ses ressources furent "englouties" dans la reconstruction Découragé, vers 1678, Edmé décida d'aller travailler en Franche-Comté, à la Forge de Baignes (Haute-Saône). Il emmena avec lui, son cousin Gédéon Rochat, fils de Moyse dit Pyrod des Charbonnières (sans doute frère de Vauchy), sensiblement du même âge que lui. En 1685 Edmé épouse à Velle-le-Chatel, avec dispense de consanguinité, sa cousine Marie-Françoise Rochat, fille de Hugues (?) Rochat. Vers 1689/1690 Edmé et son cousin Gédéon admodient la Forge d'Aubertrans du Sieur Thomas "qui était mal sans ses affaires". Leurs cousins, Siméon et Claude viennent les rejoindre, ainsi que Pierre-Moyse, Suzanne, Judith et Jean-Jacques frères et sœurs d'Edmée. Edmée organise la forge du "Moulin-Martin" où Jean-Jacques travaille.
C'est
sans doute à ce moment, que les membres de la famille devinrent Rochet
suivant la prononciation locale, mais ils ne firent rien pour rectifier, tirant
quelque vanité d'une confusion possible avec un Rochet, membre du Parlement de
Besançon! Seule, la branche de Claude resta Rochat, d'où sortirent les
"Rochat de Bains".
A
partir de cette époque, on devait trouver pendant plus d'un siècle, en France,
des Rochet, Maîtres de forges, directeurs ou commis, mais aussi forgerons, et
ouvriers, étameurs, valets d'affinerie, tourneurs, etc., avec des aléas
divers, de bonnes ou de mauvaises fortunes. En 1824 on ne trouve plus de Rochet
dans les forges de la Haute Saône. Par contre, il y a encore de très nombreux
Rochat, ou des familles comptant des Rochat dans leurs ancêtres, dans la Vallée
de Joux, dans la région de Vallorbe, et de Romainmôtier.
En 1791, Jean Baptiste Rochet, ancien maître de forge, rédige, en tant que "fondé de pouvoir des Pétitionnaires" de tout l'est de la France de l'Aube au Jura, une pétition au Ministre de l'Intérieur tendant à obtenir le report de la loi du 28 juillet 1791 sur les Mines et un arrêté qui règle leurs indemnités....
En 1980, un "Comité de la Famille Rochat" avait été créé à L'Abbaye (Suisse) pour organiser une réunion "monstre" de ses nombreux membres à l'occasion du cinquième Centenaire de l'installation de "l'Ancêtre" dans la Vallée.
Nos
propres Rochat (les autres étant devenus Rochet) sans faire autant de
"bruit" que leur parenté suivirent leurs chemins .Claude, s'est marié
à Jeanne Guillemette Vernier, et travaille avec son cousin Edmé, à la Forge
d'Aubertans, où il semble être resté, après le départ de celui-ci pour
Moulin-Martin (Rigney) vers 1702.
Claude
Rochat est dit "de Villers-Pater"
(Paroisse Aubertans) en 1712 lors du mariage de son fils Jean-François, à Aillevillers,
avec Marguerite Terrier. En 1716, il rejoint la Forge Quenot à Bains les
Bains, aussi créée par Jean- Jacques en 1711. Quelques années plus tard,
en 1732, son fils Jean-François, qui a succédé à Jean-Jacques à la tête de
la forge Quenot, crée la Forge du Moulin-du-Bois (G.B:
aujourd'hui " Le Moulin aux bois "),
aussi sur la paroisse de Bains, et y installe un martinet (ensuite annexe de la
Manufacture de Fer blanc).
Jean-François
(1691-1767) et Marguerite auront 11 enfants, dont seulement 7 survivront, dont 2
fils. L'un d'eux, Nicolas, né à Bains les Bains, le 2 août 1729,
travaille avec son père à la Forge-Quenot. Il y mourra assassiné par son
cousin germain, André Bouguet, le 6janvier 1764. Marié en 1760, à Bains, à
Marie-Anne Grosjean, (qui se remariera), il laisse deux enfants en bas-âge :
Jeanne-Marguerite, qui épouse en 1778 à Bains Nicolas-Joseph Carette, de
Xertigny, et Nicolas-François-Xavier, né en 1763 à Bains, et décédé le
18.7.1833 aux Voivres, où il est cultivateur.
Résumé par Copernic Summarizer.