En 1880, le Dr. Haxo, secrétaire perpétuel de la Société d’Émulation des Vosges publia un rapport intitulé « Situation actuelle de la BRODERIE dans le Département des Vosges » dans lequel il jugeait nécessaire d’améliorer grandement le statut des brodeuses, même s’il notait des progrès par rapport à une précédente étude de 1855. Les données ci-dessous sont tirées de ce rapport.
La première cause de pénibilité est liée à la durée journalière du travail, exigée des jeune filles dès l’age de 14 ou 15 ans, et même souvent plus jeunes puisque les fillettes apprenaient à broder dès l’age de 7 ou 8 ans et aidaient très jeunes leurs parents.
Une autre cause est de pénibilité, à cette époque, est liées à une nourriture déséquilibrée, essentiellement à base de légumes. De plus bon nombre d’ouvrières prennent à peine le temps de manger.
La broderie n’exige pas de grands efforts
physiques ; cependant « l’immobilité à laquelle est condamnée la
brodeuse, le défaut d’exercice musculaires qu’elle doit subir, afin de ne
pas perdre de temps, est une condition mauvaise, contre nature … cette
immobilité est permanent …elle tient la malheureuse courbée sous sa loi
pendant quinze, seize et jusqu’à dix-huit ou dix-neuf heures consécutives
sur vingt-quatre ». « Les
brodeuses au métier, obligées de repasser d’une main à travers le tissu, et
de bas en haut, l’aiguille qu’elles ont poussée par dessus, sont
contraintes de rester des heures entières l’œil tendu sur le métier, le
haut du corps penché obliquement en avant, dans la position la plus gênante.
De là naissent chez beaucoup d’entre elles des déviations de la colonne vertébrale ». |
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L’immobilité exige aussi de se chauffer. Pour cela la brodeuse utilise un « couvot » (couvet), récipient de terre cuite ou de fer , empli de braise, qu’elle place entre ses pieds sous ses jupons.. (Au dire du Dr. Haxo, ce mode de chauffage, ajouté au mauvais régime et au travail excessif, entraîne souvent « les suppressions menstruelles ») |
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En hiver, l’éclairage posait un véritable problème à la brodeuse. Jusqu’au milieu du 19ème siècle, elle utilise une lampe à huile, à la lumière faible, quelque fois focalisée sur l’ouvrage grâce à une carafe sphérique remplie d’eau et faisant loupe. L’invention de la lampe à pétrole, en 1853, apporte un important progrès de même que la lampe Pigeon, lampe à essence minérale (1880) plus lumineuse et plus petite, plus facile à placer près du métier. Même l’arrivée de l’électricité, au 20ème siècle, n’apporte qu’un progrès modeste à ses débuts, tant la puissance lumineuse des ampoules était faible. |